(Hors catégorie)

Mettons tout de suite les choses au point

Critique mon ami, passe donc ton chemin…
Je n’ai point d’ennemi mais si un jour – demain,
Il te plaît d’affûter ta plume au ton moqueur,
Écris sans te hâter ; mieux : n’écris pas. Langueur
Est parfois préférable à trop d’empressement.
Rictus abominable ou sourire charmant,
Poème aux vers malsains que tu veux étriller,
Poésie que tu ceins de branches de laurier,
Tu es triste ou ravi, tu me dis sage ou fou :
Garde alors ton avis : tout le monde s’en fout.
Crois-tu donc franchement le lecteur empêché
De porter jugement ? Doit-on te dépêcher
Pour dire le bon goût ou te faire oppresseur ?
Toute chose a un coût : en jouant au censeur,
Sache payer la note au moment de signer.
Même la plume haute il faut te résigner :
Le prix de la censure est, sois-en convaincu,
Ma main sur la figure ou mon pied dans le cul.
Qui le feuillette est libre aussi bien que toi – mieux !
De refermer ce livre, au motif : « Ennuyeux »
Ou d’ouvrir chaque page et restant sur sa faim
De penser : « C’est dommage, on arrive à la fin ! »
Au lecteur d’assumer son choix s’il y consent.
En bref, en résumé, en deux mots comme en cent :
Qui aime se souvienne encor de moi (merci),
Qui n’aime pas s’abstienne et m’oublie sans souci.

Davézieux, mardi 18 mars 2014

© Le Lion 07

Note : comme je l’avais fait en débutant ce blog, je publie ici des poésies après leur parution sur le site des Cahiers (parfois longtemps après). Que le lecteur ne soit donc pas étonné du décalage entre la date d’écriture et celle de publication.

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